L’oeuvre se construit ainsi entre deux pôles: l’objet « strates calligraphiques » et le corpus photographique qui lui appartient. De celui-ci, je construis des diaporamas, succession de ces instants photographiés d’écritures au pinceau. Et c’est au vu du premier diaporama réalisé en 2016 que j’ai ressenti le besoin de rendre la musique réellement présente dans l’oeuvre : musique picturale à laquelle les compositions contemporaines de Florentine Mulsant* et Xu Yi** font écho.

Catherine Denis

Pour traduire ce moment particulier de mon travail où, dans l’extrême solitude qu’implique un geste de création, j’essaie de me décrocher de tout baroque ornemental.

Plus le monde qui nous entoure est bruyant et excitant par sa prolifération de stimuli sensoriels et par son offre permanente d’objets de consommation, et plus j’ai envie de faire une peinture éloignée du strident, du semblant, de la séduction et des tendances à la mode ;
j’essaie que ma production reste fidèle à mon expérience intérieure.

Depuis des années, le travail en série avec de l’encre de chine sur papier et un très petit nombre d’outils m’aide, techniquement, à me diriger vers cette simplicité qui, pour moi, consiste en un reste qui résulte de multiples décapages successifs. Des années de travail m’ont fait comprendre que dans mes productions – qui, pensais-je, étaient un reflet de moi-même – il ne reste de moi que ces quelques traces.

Malgré mes doutes, mes résistances et mes trébuchements, et peut-être même grâce à eux, un désir de continuer s’est maintenu, exigeant patience, acceptation, ténacité et rigueur ; la pratique a sauvegardé une ouverture qui stimule ma capacité d’être surprise par ce que qui se fait à travers moi ou à travers quelqu’un d’autre.

Que la chose puisse simplement être là, vivante, émancipée de la personne qui la produit, voilà ce qui m’invite à continuer à créer ; voilà ce qui soutient ma démarche de vous montrer ce que je fais.

Vicky Estevez

« TERRES » Armelle Gapihan

Elles questionnent leur support terre lui-même jusqu’à ses limites. Elles poussent la terre jusqu’ au translucide. Elles vont chercher le sens dans le matériau lui-même ;

Elles parlent de changement, de transformation.
Ce sont des terres qui sont presqu’en train de se déterritorialiser

Les plis à peine restants comme plis, mais très présents comme traces de plis définissent des zones, des espaces différenciés ; ce sont des frontières, des peaux , des traits sans être des frontières et des traits car ce sont des plis manifestant autre chose que « la volonté de » mais plus l’idée de « faire avec » la configuration ou la disposition des espaces.

Tout est au travail dans ces terres et c’est cela finalement qui s’exprime et touche celui qui les regarde: en un instant, il peut voir le multiple de la chose avec cette impression finale d’être devant un mystère mouvant, et pourtant un mystère familier.

Les plis sont aussi des chemins possibles et praticables…

B.G.